PASSEPORT DU VOYAGE
PASSEPORT DU VOYAGE
AU PAYS BASQUE, IL EST UN PROVERBE QU’ON N’A AUCUNE PEINE À FAIRE SIEN :
« Qui de l’œil voit, de cœur croit. »
Il est vrai que la région recèle de tant de joyaux qu’on en tombe amoureux plusieurs fois par jour.
On y entre de préférence par Bayonne l’effervescente, capitale de la culture basque, gourmande et fêtarde.
On aime s’y perdre, attiré ici par un doux parfum de chocolat, là par une fresque bariolée.
Partout les maisons typiques portent fièrement les couleurs du drapeau, avec leurs façades blanches et leurs volets rouges et verts. On se laisse guider par nos sens, car ici le plaisir est érigé en art de vivre.
Où que le regard porte, les montagnes des Pyrénées nous appellent.
Depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, il faut se fondre dans la nature sauvage pour comprendre ce que signifie la vie basquaise. Y grimper avec les brebis et leur berger, observer les rapaces et les oiseaux migrateurs à la frontière espagnole, admirer un point de vue renversant sur l’océan au terme d’une randonnée, et, toujours, récompenser ses efforts par une des merveilles culinaires produites par les montagnards.
Redescendus des hauteurs, c’est l’océan qui nous attire, de Hendaye à Biarritz en passant par Saint- Jean-de-Luz. Son bleu profond, ses vagues fougueuses que tentent de dompter les surfeurs, ses plages de sable blanc et ses falaises abruptes, quel spectacle ! Là encore, le plaisir se déguste à table ou en terrasse, de préférence sur le port devant un coucher de soleil. Les plats typiques mettent à l’honneur les produits de la mer, et, à l’apéritif jusque tard dans la soirée, on se met à l’heure espagnole devant une profusion de tapas.
Alors, prêts à plonger ?
Ongi etorri Euskal Herria !*
* : Bienvenue au Pays Basque !
BAYONNE
Premier jour : découverte de Bayonne et imprégnation
À l’heure où les premiers rayons du soleil réveillent la ville, les halles de Bayonne sont déjà en ébullition. L’accent chantant des producteurs résonne au milieu des étals colorés, les effluves sucrées et salées font tourner la tête. Piment d’Espelette, jambon, chipirons, gâteau basque à la confiture de cerises noires, fromage de brebis, vin d’Irouléguy… Tout ce que la région produit de splendeurs est là et c’est un régal !
Un délicieux chocolat mousseux sur la place des Halles donne l’énergie nécessaire pour découvrir le Grand Bayonne, le centre historique. Dans la majestueuse cathédrale Sainte-Marie, le soleil encore doux illumine le maître-autel en marbre de Carrare à travers le vitrail de la Cananéenne. Et avant de regagner les rues animées, arpenter le cloître gothique vous emplit de sérénité.
La ville respire la joie de vivre et partout l’accueil est chaleureux. On s’en rend bien compte dans le Petit Bayonne, de l’autre côté de la Nive. Dans les ruelles étroites du cœur battant des fêtes de Bayonne, les maisons colorées donnent du baume au cœur. Sur le chemin du musée basque, on tombe autant sur de splendides œuvres de street-art que sur des vitraux Art déco. Ici, l’art est partout !
SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT
3 jours d’aventure au grand air des Pyrénées
Depuis le train longeant la Nive, le paysage verdoyant qui défile vous apaise. Terminus : Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est une plongée dans le Moyen-âge, époque à laquelle la ville fortifiée, ancienne capitale de Navarre, gardait le seul grand passage vers l’Espagne via le col (ou « port ») de Ronceveaux. Dans les ruelles en pente menant de la Nive à la citadelle, on surprend les discussions des pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, leur bâton et leur sac chargé déposés là pour une halte au refuge.
Mêlé au public survolté lors d’une partie de pelote basque, on se rend vite compte de la place que ce sport occupe dans l’histoire de la ville et dans le coeur des Euskaldunk*. Galvanisé, on ose même s’essayer à une de ses variantes, au trinquet ou sur un des frontons : à main nue, à la chistera, à la pala ou à la cesta punta.
Rapidement, l’appel de la nature se fait sentir. On ne se fait pas prier pour accompagner un berger et ses brebis en transhumance sur la montagne d’Iraty, ni déguster un apéritif du terroir au col de Burdinkurutcheta, flirter avec la frontière espagnole dans la forêt sauvage d’Irati, observer le passage des oiseaux migrateurs au col d’Organbidexka ou encore frémir du haut de la passerelle d’Holzarte, perchée à 180m au-dessus des gorges d’Olhadubi.
* : Basques
ESPELETTE
Pause culturelle et départ à vélo vers Espelette !
À Cambo-les-Bains, il est un lieu qui prête à la rêverie. Et pour cause, la Villa d’Arnaga est tout droit sortie de l’imagination d’Edmond Rostand, l’auteur de Cyrano de Bergerac. Côté jardin à la française, on oublie le temps en contemplant le soleil s’élevant au-dessus du pic du Mondarrain. Côté jardin à l’anglaise, les senteurs et les couleurs des vivaces font chavirer les sens. Et à l’intérieur de la demeure de style néo basque, une des premières de ce courant architectural, c’est la démesure : tels des décors de théâtre, chacune des pièces est mise en scène par un artiste contemporain de Rostand.
Traverser les collines verdoyantes et les plantations de piment à vélo, quel bonheur ! C’est la meilleure façon d’arriver dans Espelette et être submergé par la magie de cette bourgade typique, toute de rouge et de blanc vêtue. L’emblème de la région y sèche aux façades des maisons et à l’heure du déjeuner, il est impossible de résister aux effluves de piperade, d’axoa ou de poulet basquaise qui envahissent les rues. Près du fronton résonnent les échos d’une partie de pelote tandis que l’on pousse la porte de l’église. À l’intérieur, les voix mystiques d’un chœur d’hommes basque donnent inévitablement des frissons.
SARE
7 jours à vélo sur les routes basques : des Pyrénées à l’Atlantique
Pédalant le nez au vent au pied des contreforts qui forment la frontière espagnole, on traverse des plaines paisibles. Deux bourgades classées parmi les plus belles de France s’y distinguent par leur charme séculaire. Dans la rue unique du village bastide d’Ainoha, on fait ses emplettes le long de maisons labourdines à colombages du XVIIe siècle. À Sare, enclave dans la Navarre espagnole, il se chuchote encore des histoires de contrebande à l’ombre des patios de la place centrale.
Parmi les etxe* traditionnelles de la commune, la maison Ortillopitz témoigne de la vie d’autrefois. On nous le dit tel quel : au Pays Basque, la maison n’est pas qu’une maison, c’est l’histoire d’une transmission familiale. On ne peut quitter Sare sans un détour par le musée du gâteau basque, ni sans en avoir pénétré les grottes, curiosités géologiques ayant nourri les mythologies de la région.
Au bout de quelques jours à l’ouest du Pays Basque, on ne peut s’empêcher d’aspirer à grimper la Rhune, ce sommet mythique. On peut la mériter à pied, mais on succombe vite au charme de son train à crémaillère datant de 1924. Là-haut, le panorama est époustouflant : une vue à 360°, de l’Atlantique à la chaîne des Pyrénées. Après des emplettes dans une venta, on redescend le chemin escarpé survolé par les vautours, croisant des brebis et des pottoks (petits chevaux sauvages) qui paissent tranquillement.
* : maison basque
ST-JEAN-DE-LUZ
Pêche en mer et Vélodyssée jusqu’à Biarritz
À Saint-Jean-de-Luz, les montagnes pyrénéennes se jettent dans l’océan fougueux, offrant un paysage à couper le souffle. Derrière nous se dresse la barrière rocheuse, majestueuse. Devant nous, les vagues lèchent le sable blanc, portant sur leurs crêtes des surfeurs de tout âge. Il paraît que c’est l’endroit idéal pour débuter sur la planche.
Devant la criée de Ciboure, les petits chalutiers colorés gîtent doucement devant ce qui fut autrefois une île abritant le couvent des Récollets. Sur les étals, les prises de la matinée sont des trésors luisants. Les chefs de la côte se disputent les plus belles pièces, qu’on retrouvera quelques instants plus tard à notre table dans un restaurant de Saint-Jean-de-Luz, sublimés en merlu Koxkera, daurade sauce pil-pil ou cassolette de chipirons à l’encre.
À pied ou à vélo le long des plages, on ne se lasse jamais d’admirer la côte basque. C’est ce qu’on se répète dans le jardin botanique perché sur les falaises ou en cheminant sur le sentier du littoral et le long de la verte corniche aux rochers ciselés. À Ciboure, Urrugne, ou depuis le somptueux château d’Antoine d’Abbadie, on scrute l’océan à l’affût de Belharra, la vague mythique. On a toujours le regard rivé sur l’infini lorsque le soleil couchant nous salue en pleine orgie de tapas, dans le petit port espagnol d’Hondarribia, face à Hendaye.
BIARRITZ
Fin du périple sur les panoramas de la Corniche Basque
Quelle fierté de déjeuner de sa propre pêche ! Un serran, une girelle, un tacaud, une rascasse, prises de haute lutte lors d’une sortie en mer au large de Saint-Jean-de-Luz, promettent un festin qui restera longtemps en mémoire.
Après en avoir encore pris plein les mirettes en pédalant le long de la côte vers le nord, Biarritz nous offre un final flamboyant. À l’image de ses énormes vagues qui font la fierté de celles et ceux qui osent s’y frotter, la ville est fougueuse ! De la pointe Saint-Martin au Port des Pêcheurs, de la Côte des Basques à la Cité de l’Océan, on s’y promène les yeux plongés dans le grand bleu. Sur le front de mer, le casino, les boîtes de nuit et les bars attendent les oiseaux de nuit avec impatience (la balade nocturne au Rocher de la Vierge serait une expérience unique!).
Mais pour le moment, on savoure le soleil sur la plage. On laisse ressurgir les souvenirs colorés et pimentés d’un séjour absolument idyllique. Et on se dit qu’on aura bien du mal à quitter Euskal Herria, ce petit pays si chaleureux où l’on se sent comme à la maison !